Mercredi
21 janvier 2004 : Ushuaia.
GMTFr : -4H 55° sud 68° ouest météo : découvert,
très changeant
Nous quittons le Chili après deux mois. Nous sommes
très émus. Ce pays si authentique nous a marqués
et les images que nous en garderons sont fabuleuses. Des amis aussi,
rencontrés au hasard de nos pérégrinations.
Rosana, de notre agence de voyage d’Atacama, qui est tombée
amoureuse des enfants et qui gardera leurs dessins affichés
derrière elle. Marcelo, notre guide d’Atacama, si gentil,
la nouvelle génération, jeune entrepreneur qui sent
bien le potentiel de son pays et dont le père traversait les
Andes à pieds avec ses mille lamas. Alva et Uldine, nos deux
hôtesses de l’Ayacara, à Frutillar, toujours le
sourire aux lèvres et en cuisine pour nous faire goûter
le meilleur du Chili. Andreas, des cabanes du lac Général
Carrerra, sociologue des couchers de soleil, qui nous a aidés à mieux
comprendre la Patagonie. Les colons belges, Véronique et ses
parents arrivés à l’âge de seize ans, il
y a une cinquantaine d’année, dans une Patagonie complètement
vierge car l’Europe de la guerre et de l’après
guerre leur pesait trop. Les rencontres avec des gens qui adorent
leur terre, pourtant si dure et qui en acceptent les difficultés
avec philosophie et ardeur, sont des rencontres différentes.
Comme disait Jeannine, la colon belge, la Patagonie ne donne rien
gratuitement, il faut travailler beaucoup pour recevoir peu. C’est
loin de notre mentalité d’européens gavés
et blasés. C’était bien. C’est bien. Au
revoir le Chili, merci pour tout.
L’arrivée à Ushuaia, en petit avion de vingt
places est magnifique. Après le survol des montagnes, le canal
de Beagle apparaît, bleu sombre et parsemé d’îlots
déserts, enchâssé entre deux cordillères
enneigées. C’est le passage entre Atlantique et Pacifique,
un des cimetières de bateaux du monde les plus fournis, paraît-il.
Ushuaia, le long du Beagle, ville la plus australe du monde, quelques
gros paquebots, cargos et bateaux militaires lui font face. Notre
posada (auberge) est parfaite. Toute mignonne, genre chalet suisse
italienne avec ses napperons et ses bibelots, familiale, les enfants
de Gustavo jouent avec un petit chaton, pratique, sa cuisine en accès
libre est très agréable avec vue sur la ville et le
canal. En cinq minutes les lieux sont investis. Yves et Véronique,
les marins qui vont faire naviguer Christophe, Evelyne et Gilbert
dès demain, viennent prendre l’apéro. Ils sont
niçois, voyagent depuis dix ans sur leur voilier de douze
mètres, dont trois ans en méditerranée, un an
en Afrique principalement au cap vert et le reste en Amérique
du Sud. Ils sont à Ushuaia depuis deux ans et s’y sentent
très bien. Ils sont très cool.
Le soir, à la Rueda, parilla argentina, (énorme mix
grill), extra. Nous rentrons. Mais dormir, ici, est réservé aux
plus fatigués. Les dernières lueurs du jour disparaissent à 23h,
les premières apparaissent avant 5h. Les Argentins vivent
au rythme espagnol. Pour la lumière, il n’y a même
pas de rideaux. Pour le bruit, concert de tuyaux d’échappement
percés ou inexistants jusqu’à trois heures du
matin. Rythme espagnol et le look italien, chemise ouverte sur torse
poilu, cheveux frisoutés dans le cou ou gominés, lunettes
de soleil dès le petit déj, ça nous change des
Chiliens si austères…
La phrase du
jour : "c’est
bon tu sais d’avoir une fiancée. Tu sonnes à la
porte et elle vient t’ouvrir, c’est bon"
Félix.
Jeudi
22 janvier 2004 : départ pour le Cap Horn.
GMTFr : -4H 55° sud 68° ouest météo : découvert,
très changeant
Le vent est très fort et le départ peut-être
remis à demain. Il paraît que Puerto Williams, le port
chilien plus au sud qu’Ushuaia, le vrai bout du monde, est
fermé à la navigation. Tout le monde attend. Comme
nous sommes en Patagonie, deux heures après, les éléments
se sont calmés. Rush total pour le groupe des cap-horniers
qui finalement part vers midi. Bon voyage !
Après-midi calme pour le reste de la troupe. Petite ballade
dans Ushuaia et même shopping car ici, au bout du monde, on
trouve le top de la mode branchée. Fortes de leurs bonnes
résolutions, Maud et Choupie dînent léger et
Choupie se fait même une séance d’abdo-fessiers, à minuit,
sur la moquette, dans la nuit. Garance, à qui rien n’échappe,
dresse sa frimousse hors du lit et rigole en voyant ce spectacle.
Aucun respect ces enfants !
La phrase du
jour : "Je
croyais qu’il y avait personne qui habitait là et puis
il y a Ushuaia" Julia.
Vendredi
23 janvier 2004 : le bagne d’Ushuaia.
GMTFr : -4H 55° sud 68° ouest météo : beau et très
doux
Le réveil est difficile après une nuit très
agitée. Définitivement, les Argentins vivent la nuit
et aiment les pots d’échappement crevés. En plus,
vers 3h du matin, un coup de vent patagon a fait céder la
fenêtre et Félix est venu dans le lit de Choupie, 60
cm de largeur. Cela ne nous empêche pas de faire du culturel
aujourd’hui. Visite du bagne.
Pendant la deuxième partie du XIXème siècle, un bagne a été implanté dans
cette contrée où seuls vivaient des indiens. Le gouvernement argentin,
fort des exemples australiens et guyanais, avait décidé de peupler
cette région hostile grâce au système de la double peine
: 15 ans de bagne et 15 de résidence obligatoire dans la région
ensuite. Le bagne est impressionnant mais pas sordide, les cellules sont minuscules,
certaines dans leur état d’origine. Il est construit comme un aéroport,
avec une partie centrale et des longs couloirs qui partent en étoile.
Au milieu de chaque couloir, un gros poêle. Il ne devait pas faire bien
chaud car même aujourd’hui, en plein été, on s’y
gèle. Dans quelques cellules il y a des photos des indiens de la zone,
les Onas. Leurs bras étaient très développés car
ils ramaient beaucoup. Les lions de mer étaient leur source de nourriture,
de fourrure. Leurs jambes étaient atrophiées car ils marchaient
peu. Ils n’ont pas résisté à l’arrivée
des argentins et ont disparu à coup de nouvelles maladies et de destruction
culturelle. Petite leçon morale pour les enfants : le bagne c’était
pour les grands criminels, aujourd’hui on ne punit plus aussi durement.
Fin de journée tranquille à la posada, internet.
La phrase du jour : "tiens
il n’y a pas la télé" Julia devant une cellule
de bagnard.
Samedi
24 janvier 2004 : le train du bout du monde.
GMTFr : -4H 55° sud 68° ouest météo : beau et très
doux
Au petit déjeuner nous faisons la connaissance de
trois belges très sympas qui viennent de passer un mois au
Chili. C’est intéressant car ils n’ont rien fait
que nous ayons fait et vice versa. Ils sont allés dans le
nord de la région des lacs, sur Chiloé et dans la région
de Punta Arenas. Ils ont été mal conseillés
et sont déçus. La région des lacs ressemble à l’Europe,
l’intérieur de Chiloé n’est pas fantastique,
ils n’ont pas osé faire le nord et la route australe
par peur de ne pas trouver d’infrastructures, quel dommage
! Pour couronner le tout ils ont fait l’aller retour Punta
Arenas - Ushuaia en voiture, très long et très monotone
! Pas de bol. Ils se font piéger comme nous pour le train
du bout du monde qui n’a pas vraiment d’intérêt.
Un petit train, genre pour enfants, qui va à 10 km/h et traverse
une vallée jolie mais sans plus. On nous avait promis des
castors, il n’y a que quelques chevaux. En tout, avec les soucis
techniques, cela prend presque trois heures.
Il est certain que les Argentins vendent mieux leur pays que les Chiliens. Ushuaia
est un beau site mais n’a d’intérêt que parce qu’elle
est la plus australe du monde et il vaut mieux naviguer que rester à terre.
Pauvres belges, ils resteront un peu sur leur faim.
Soirée internet.
La phrase du jour : "chocolat" Garance
qui commence vraiment à parler.
LES
PHOTOS / POUR GAGNER DU TEMPS /
PHRASES DU JOUR ARGENTINE