Journal de bord
Septembre 2003 / Canada de l'Ouest

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-8H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 04 Heures du matin à Calgary

POSITION GEOGRAPHIQUE = à l’endroit où nous avons dormi le soir, sans les minutes.

Mardi 30 septembre 2003 : la longue route perdue.
GMTFr : -9H 49° nord / 123° ouest météo : grand bleu
Renseignements pris, c’est à cause de la sécheresse que la truite n’était pas parfaite. il manque un mètre d’eau dans le lac. Rassurés, nous pouvons quitter notre cabin au Canada tous bien briqués, direction la highway 93 vers Clinton. Arrêt au 70 miles house pour le maintenant traditionnel plein de 200 litres. Choupie ne trouve aucun pain sans sucre ajouté parmi les 15 de la station service. Pas de pain aujourd’hui, chacun subit les pénuries qu’il mérite.
A Clinton, sur les anciens conseils de notre voisin de camping du Two Jack Lake de Banff, nous prenons vers Lillooet, car ils ont « pavé » (paved) la highway 99. Très beau parcours le long de la voie ferrée, sur une route goudronnée, qui devient une piste le long du lac Kelly, puis donne sur la porte en bois d’un parc qu’il faut traverser. Petite séance de hors piste en RV, dans des chemins où en temps normal nous ne mettrions pas les pieds de notre 4X4. Mais nous faisons le tour du monde et au Canada, rien n’est impossible. Ils en faudrait plus pour nous décourager, surtout sur la foi de conseils aussi précis et engageants que ceux de notre voisin de camping au chalumeau. Les enfants sont ravis par les glissades du RV dans la boue et les branches qui craquent sur les retro-viseurs et le toit. Au moins, ici, il est certain que peu de RV sont passés avant nous, ce qui nous rend assez fiers de notre coup. Les femmes sont un peu refroidies par les assiettes qui explosent en tombant des placards. Les parents commencent à douter, mais sont rassurés par la ligne de chemin de fer qui suit bien le même chemin sur la carte. La route devient de plus en plus dure, jusqu’à un éboulement qui bloque la piste. Car c’est bien une piste ou un sentier et plus du tout une route non goudronnée que nous ouvrons. Là, c’est certain, le RV ne passera pas. Ce qui est certain aussi, c’est qu’il ne peut pas faire demi-tour sur cette piste. Car faire faire demi-tour à un véhicule, même récréatif, de 8 mètres sur un chemin qui fait 2,5 mètres de large, bordé de petits talus et d’arbres tous les mètres n’est pas une opération techniquement possible. Il va falloir se taper de la marche arrière entre les pierres, les branches, la boue et les ornières… Maud et les enfants en amont du camion, à l’abri du retournement mais pas des ours, Choupie qui organise la marche arrière, Chris au volant. Reculer est possible, c’est déjà ça, mais suivre le chemin avec un gros cul de trois mètres en porte à faux après les roues arrières, c’est autre chose. Beaucoup de avance-recule, quelques branches broyées par les roues ou la carrosserie,. La première tentative de demi-tour est un échec. Trop long le RV. Nous décidons de reculer encore quelques centaines de mètres en montée dans la boue pour arriver à une clairière. Un ou deux bouts de carrosserie arrachés plus loin, c’était le bon choix. Nous voici dans la bonne direction, celle de la sortie par là où nous sommes entrés. Comme toujours, le retour semble plus facile, mais nous poussons un grand cri de joie quand nous repassons la porte du «parc» dans l’autre sens.
Choupie avait raison, Lillooet, c’était bien à gauche un peu avant l’entrée dans le parc et la cabane de chercheur d’or en ruine de bois. Montée à 14% et descente à 18% à travers le ranch Diamonds, ses milliers d’hectares et ses centaines de vaches. Compte tenu de nos précédentes émotions, nous ne sommes pas dans un bon mood pour apprécier la suite. Pas assez d’énergie ni d’adrénaline. Pourtant nous voyons des choses magnifiques : la grande descente vers Lillooet, le grand cayon désolé de la Fraser River, la spectaculaire Highway 99 south (goudronnée enfin…) à travers la montagne , les petits cours d’eau aux couleurs de l’automne. Superbe jusqu’à Timbelton, où Choupie voit un ours noir. Le temps de faire demi-tour, nous ne saurons jamais si c’était notre ours des montagnes.
La longue route se poursuit jusqu’à neuf heures du soir. Après avoir évité un camping sordide, nous nous arrêtons au Porteau Cove, mignon mais coincé entre la voie ferrée et la mer. Dans la nuit, deux trains d’au moins deux cents wagons de cinquante tonnes chacun passent à moins de dix mètres. Les autres nous ne les avons peut-être pas entendus. Une nuit bien méritée.
La phrase du jour : "Je sais pas pourquoi Lulu elle viendait jamais à Paris" LFélix (à propos de sa cousine préférée).


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